Newsletter - Octobre 2021

Les temps sont durs pour les Baveux

Les confrères ont fait leur rentrée le mois dernier, dans une ambiance douce-amère et cette impression désagréable d’un éternel recommencement.

Le mois de septembre rime souvent avec réforme et nous essuyions les plâtres d’une kyrielle de nouvelles dispositions qui nous laisse perplexes. Les civilistes et «jafistes» tentent d’apprivoiser ce casse-tête que représente la réforme de la procédure civile et des prises de date via RPVA, sorte de chasse au trésor sur une interface informatique des années 90.

Les avocats d’enfants errent, quant à eux, un peu hagards dans les méandres du CJPM, sensé accélérer la procédure pénale des mineurs mais morcelant un peu l’enfant, qui risque d’en être plus qu’un «auteur», et non plus un mineur en danger.

Le secret professionnel de l’Avocat ayant encore été abimé par un amendement scélérat voté au Sénat–sous couvert de lutte contre la fraude fiscale et la délinquance en col blanc–les discussions en commission mixte paritaire font frémir les plus anciens comme les plus jeunes, où qu’ils exercent, y compris dans les «grosses structures» qui peuplent notre barreau.

Les tensions entre nos robes et celles des magistrats sont toutes les chances de perdurer dès lors qu’on s’évertue toujours un peu plus à faire taire l’avocat. Après l’épisode paroxystique de l’expulsion manu militari de l’un des nôtres d’une salle d’audience–quoi qu’il ait pu dire ou faire–, le ministère imagine de nouvelles contraintes méthodologiques visant à réduire nos écritures en introduisant une synthèse des moyens en seulement mille mots...

Et que faire lorsqu’on lit dans un article traitant des pensions alimentaires impayées que, selon le cabinet du Ministre de la Santé, les avocats cacheraient sciemment des dispositifs de recouvrement à leurs clients pour faire du «business»?

Et que penser de notre Ministre qui traitent de «braillards» ses détracteurs au sujet de la réforme de la Cour d’Assises?

Et comment réagir lorsqu’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge de l’enfance et des familles, parle des avocats d’enfants en leur reprochant de «conflictualiser» les dossiers dans lesquels ils assistent leurs jeunes clients?

Qui sommes-nous, au bout du compte? Des insatisfaits chroniques? Des emmerdeurs excités? Des indignes véreux et peu scrupuleux? Des intrus trop bruyants?

Deux sentiments bien légitimes nous envahissent alors:

-La colère, celle d’être méprisés, malmenés, mal considérés et insultés par des ignorants ou, pire, par des sachant de mauvaise foi.

-La fatigue, celle de devoir, sans cesse, se justifier d’être là où nous sommes, aux côtés des justiciables, enfants comme adultes, dans les enceintes de justice, dans les lieux d’accès aux droits, dans les prisons, dans les commissariats, dans les lieux de médiation, dans les galères des uns et les souffrances des autres.

Nous ne nous laisserons pas réduire à cette image caricaturale de nous-mêmes.

 Nous sommes utiles. Nous sommes vivants et nous ne nous laisserons pas faire.

 Belle rentrée, malgré tout, à tous !

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